QUELQUES ÉLÉMENTS POUR MIEUX LIRE ET ÉCRIRE LE CRÉOLE
(Synthèse parue dans les bulletins internes n° 51 et 52 de l’AM4 en 2004, réalisée avec l’aide de certains spécialistes et de l’ouvrage Guide du Capes créole, La graphie créole de Jean BERNABÉ ; actualisée en 2016/18
Quatre règles de base
- Sa ou tann, sa ou ékri : le système graphique note les sons (écriture phonographique) et non pas les idées, le sens (écriture idéographique).
- An son, an fidji (sign): écrire les sons comme ils se prononcent, toujours de la même façon (écriture phonétique) et non pas de manière différente, en fonction de leur origine (écriture étymologique, comme en français). Ex : sang, sans, cent… en français ; toujours « san » en créole. cf variations en partie 3.
- Tout let an travay, pa ni let fenyan : toutes les lettres ont une fonction précise en tant que (ou dans le cadre d’une) consonne ou voyelle ; il n’y a pas de lettre muette. Ex : tout, toute en français ; tou, tout en créole.
- An let, an travay : une lettre n’a qu’une fonction. Ex : « s » pour les sons « se » ou « ze » en français ; « s » pour le seul son « se » en créole, « z » pour le seul son « ze ».
Des repères indispensables
Les voyelles
- Des voyelles simples : a/à, é, è/e, i, o, ò/o ; et des semi-voyelles/semi-consonnes : y, w.
- Des voyelles s’écrivant avec deux lettres mais constituant un seul signe et ne représentant qu’un son unique : « ou » et les voyelles nasales « an », « on », « en ». Ex : manman - tonton - chaben - boutou.
- La voyelle « u » (non accompagné de « i ») se rencontre rarement, sinon dans le cas du créole dit « mulâtre » ou de « salon ». Ex : « chumiz » au lieu de « chimiz ».
- Les sons « è » et « ò » placés dans une syllabe fermée par la consonne nasale « n », s’écrivent toujours avec accent. Ex : marèn (marraine), à ne pas confondre avec « maren » (marin) - bòn (servante), à ne pas confondre avec « bon ».
- Le son « in » en français est représenté par la voyelle « en » en créole. « in » (un son en français) se prononce « i + n » (deux sons en créole). Ex : an chaben (un chabin) - an chabin (une chabine).
- Le son « oua » (« oi » en français) s’écrit « wa » en créole. Ex : an fwa - lwa-a
- Le son « ui », assez rare, s’écrit « ui ». Ex : lannuit - luil - uit - latjuizin - tjuit
Les consonnes
- Simples : b, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, r, s, t, v, z ; formées de deux caractères : ch, dj, gn, ng, tj.
- Certaines consonnes du créole n’existent pas en français et rappellent parfois l’anglais (ex : « dj », djob ; « tj », tjok). Ne pas confondre « tj » et « tch ». Ex : i ka matjé (il marque) - i ka matché (il dispute un match).
- La consonne « x » n’existe pas, elle est remplacée par « ks » (ex : taksi) ou par « g + z » (ex : legzamen).
- La consonne « c » n’existe pas en créole de manière autonome, elle apparaît avec la lettre « h » pour représenter le son « ch ». Ex : kok (coq) - kouri (courir) - chèché (chercher)
- La consonne « q » n’existe pas en créole.
- Le son « re » s’écrit « r ». Ex : an rat - raché.
- « r » ou « w » ? Dans les syllabes avec des voyelles arrondies (o, ò, on, ou), on utilise généralement « w » (wolo, wonm, woulé). Dans les syllabes des voyelles non arrondies (a, é, è, i, en, an), c’est en fonction de la prononciation de la syllabe. Ex : Lafrans - Fodfwans - konpwann/konprann.
Les accents
- Il existe deux accents : l’accent grave et l’accent aigu.
- L’accent est obligatoire dans l’utilisation des majuscules.
Le trait d’union sert à :
- Relier le nom et le déterminant placé immédiatement après le nom :
* nom et articles définis : « la », « an », « lan », « nan », « a », « yan », « ya » (ex : bef-la, moun-lan, frédi-a, moun-nan, zié-ya, jaden-yan.),
* nom et adjectifs démonstratifs : « tala », « taa », articles à valeur démonstrative « a », « la », « sé … la », « sé … a » (ex : fanm-tala, fanm-taa, oswè-a, sé met-la, sé anglé-a),
* nom et mots utilisés pour marquer la possession : « mwen », « ou », « li », « nou », « zot », « yo » (ex : tab-mwen, tab-ou, tab-li, tab-li a, tab-nou, tab-zot),
* nom et particule interrogative placée après l’adjectif interrogatif : « ésa », « sa » (ex : ki moun-sa ki palé a ? ki moun-ésa ki palé a ?).
- Réaliser des combinaisons de nombres cardinaux à valeur indéfinie :
Ex : dé-o-twa (avec voyelle intermédiaire « o » signifiant « ou bien »), do-twa (avec voyelle intermédiaire « o » qui efface la précédente), dé’w-twa (avec voyelle intermédiaire « o » modifiée en semi-voyelle « w »).
- Constituer une unité lexicale autonome (mots composés de deux verbes, noms, adjectifs ou adverbes). Ex : maché-bwété, alé-viré, kouri-vini, vitman-présé, adwet-agoch, do-lanmen).
- Éviter des confusions, lever certaines ambiguïtés :
Ex : fanm tèbè-a (la femme de l’idiot) ; fanm tèbè a (la femme idiote) - loto-nou ka woulé (notre voiture roule) ; tout lajounen, loto nou ka woulé (nous conduisons beaucoup).
L’apostrophe est utilisée pour :
- Relier deux des mots utilisés pour marquer la possession, « ou » transformé en « w » et « li » transformé en « y », après le nom terminé par une voyelle (ex : mari’w - mari’y).
- Relier les pronoms « ou » et « li » transformés en forme courte (« ‘w », « ‘y ») après les prépositions et verbes terminés par une voyelle (ex : bò’w, man ka di’w - bò’y, man ka di’y).
- Marquer la chute de la voyelle « i » ou de la voyelle « è » dans « dè » ou « di », comme dans le nom des mois (ex : mwa d’janvié, mwa d’févriyé, mwa d’juiyé), ou pour marquer les heures (ex : 7tè d’swè).
Des variations par rapport aux règles de base et/ou aux repères
- Une variation présente dans le standard I proposé par la GEREC (utilisée largement, dans la plupart des pays)
Peu importe sa place dans la syllabe, si a+n est prononcé séparément, ces deux lettres ne représentent plus le son « an » mais le son « a » + « n ». Dans ce cas, vu l’absence de « e » muet en créole, « a » s’écrit avec accent grave « à ». Ex : pàn (panne) - Jàn (Jeanne), à ne pas confondre avec Jan (Jean).
- Des variations introduites par le standard II-GEREC (et utilisées principalement en Martinique) :
* Les sons « è » et « ò » placés dans une syllabe fermée (c'est-à-dire une syllabe terminée par une consonne) s’écrivent sans accent grave. Ex : konnet - lapot
Les sons « è » et « ò » placés dans une syllabe ouverte (c'est-à-dire clôturée par une voyelle) s’écrivent avec accent grave. Ex : tèbè - kòkòdò
* Le son « ye »en début et en fin de syllabe s’écrit avec « y ». Ex : yoyo - bagay
Le son « ye » placé en milieu de syllabe s’écrit avec « i ». Ex : zié - pié
- Des propositions d’autres variations faites par Jean BERNABÉ, pour un éventuel standard III. Elles font débat.
Dans le cas où elles seraient acceptées, elles pourraient modifier certains aspects de l’écriture :
* Doublement des consonnes « t » et « s » pour toutes les syllabes finales de mot, après a, e, i, o, ou
* Emploi de « x » à la place de « k + s » ou « g + z » pour les mathématiques et les tailles de vêtements
* Supprimer le trait d’union pour les noms composés et les verbes sériels ; l’introduire devant noms et adjectifs précédés de « ala » (ala-djoukdjouk), « Jes » (jes-anbafey), « mes » (mess-mòlòkoy), « san » (san-manman), devant « an » (année) et « è » (heure) après un chiffre (diz-an, in-è), et aussi pour la réduplication (flap-flap)
* Introduction du blanc pour les verbes sériels (kouri vini) ; sa suppression pour les mots composés (pieskann)
* Affirmation d’une fonction séparation-rattachement pour la virgule (en plus des principes d’addition, de séparation, d’inversion). Ex : Nou ké pati pabò dézè, adan loto mwen.
- Une variation présente en créole haïtien : on n’utilise pas l’accent aigu sur la lettre « e » pour rendre la voyelle orale [e] comme dans « dé ». Ex : en créole haïtien, on écrit « fache », « pale » au lieu de « faché », « palé ».
Legzèsis dan latililié montray kréyol Kabell (épi Serge Restog)
Imaj lamétéo
1 Bel botan. Yonn-dé ti niyaj pé montré tet-yo
2 Bel botan. Tanzantan, i pé ni yonn-dé niyaj.
3 Botan. An lapli pé rivé konsa, sèten koté.
4 Siel dimi kouvè, pé ni gren lapli ki ka rivé yonn-dèyè-lot.
5 Siel kouvè. Bon lapli pé tonbé, i pé fò sèten koté.
6 Siel kouvè. Lapli toupatou. Lapli pli fò sèten koté.
7 Zéklè titiri.
8 Siel kouvè. Gwo lapli yonn-dèyè-lot. Loraj sèten koté.
9 Siel kouvè. Gwo lapli épi loraj.
10 Siel kouvè. Pé ni yonn-dé gren lapli
11 Niyaj anwo ka dékléré soley-la, obien labrim lapousiè sab.
Jan Sentespri enmen lapenn
An tan lontan, Laviè Salé sé té tjè lisid Matinik. Moun tout kawtié, moun tout konnmin alantou'y té ka vini vann adan mawché-a tousa yo té ka ranmasé adan jaden bò kay-yo.
Sé jan Sentespri-a té ka désann an bouk Lavièsalé chajé épi lédjim, kon yanm-sasa, bokodji, milonjenn, chou-a-ponm, gonbo, kouskouch, épi dot ankò.
Yo té ka tjenbé an gwo sak plen, an chak lanmen-yo. Apré sa, yo té ka mété an tré anlè tet-yo, plen ora bò. Yo té ka désann a pié.
Lè yo fini vann tout zagré-yo. Yo ka viré monté épi yonn-dé ti konmision an boutik é lanmen-yo toujou chajé, menm manniè-a.
Men, tré-a té ké rété vid. Kisa pou fè épi tré-a ? Ki manniè tré vid la ké rété anlè tet-yo ?
Sa yo té ka fè, an final-di-kont. Yo té ka mété tré vid la anlè tet-yo, épi, yo té ka plen'y épi gwo woch, pou i té rété bien alabalans. É la, yo té ka chélé'y viré monté Sentespri.
Lè yo té ka travèsé Tibouk, moun té ka rété gadé yo maché, tout chaj-yo anlè tet-yo. Sé la moun koumansé di : Fout jan Sentespri enmen lapenn !