Des Cubains, descendants d’Haïtiens, font la promotion du créole à Cuba.

Awtik désandan ayisien ki Kiba pibliyé jou 28 out 2017 nan jounal Nouvelliste (an Ayiti)

 

« Bannzil Kreyòl-Kiba », une organisation socioculturelle dont la présidence est assurée par le journaliste cubain et descendant d’Haïtiens, Hilario Batista Félix, se veut un espace prônant la conservation de la culture créole à Cuba et dans la Caraïbe. Depuis plusieurs années, elle anime ateliers et conférences en vue d’oeuvrer à la promotion et à la diffusion de la langue créole.

« Le créole est la deuxième langue la plus parlée à Cuba », annonce tout de go Hilario Batista Félix, animateur d’une émission quotidienne réalisée, entre 2h30 et 3h de l'après-midi, en créole sur la station de radio « Habana Cuba ». Selon lui, il devient urgent de préserver cet état de fait, un objectif que l’organisation dont il est tributaire veut atteindre. « Cuba est un pays créolophone au même titre que la Guadeloupe, la Martinique et Haïti », a-t-il déclaré comme pour motiver cette passion.

Estimés entre 300 000 et 400 000, les descendants d’Haïtiens, des Cubains à part entière, représentent un pourcentage non négligeable dans la population cubaine et sont, en majorité, concentrés dans les villes de Camagüey, de Guantanamo, de Santiago et de La Havane. Ils ont hérité du créole de leurs parents, des immigrants d’avant-révolution, des coupeurs de canne essentiellement. C’est une fierté pour eux de conserver cette langue. « Le créole n’est ni un dialecte ni un patois. C’est une langue », poursuit le chroniqueur qui participe à l’enseignement de la langue créole.

Plusieurs activités sont réalisées pour l’émancipation de cette langue, à commencer par les « aprèmidi kreyòl » où l’association met en avant la culture haïtienne par des représentations de troupes de danse et de groupes musicaux. Du fait que les mets typiques sont très appréciés, l’art culinaire haïtien n’est point négligé. Selon Hilario Batista Félix, « ce travail est nécessaire, sinon nous allons oublier notre histoire et nos origines et perdre notre identité ».

Cependant, il regrette l’absence des autorités haïtiennes à ses côtés dans cette lutte. « Nous n’avons reçu qu’une résolution de l’Académie du créole haïtien », a-t-il fustigé. Abondant dans le même sens, Consuelo Doris Diaz, une journaliste, traductrice et interprète de la langue créole, membre de la Coordination nationale de la communauté haïtienne à Cuba, a déclaré qu’ « Haïti n’envoyait que ses besoins au peuple cubain. »

Il est à souligner que l’appellation du regroupement « Bannzil Kreyòl » signifie « plusieurs îles parlant le créole ». De ce fait, il s’agit, pour eux, de se réunir pour encourager l’étude et la conservation non seulement de cette langue mais aussi de la culture créole. Pour ce faire, l’échange des expériences est nécessaire et passe par une concertation entre les acteurs du secteur.


 

FESTIVAL KIBA KREYÒL 2018

AGOSTO 3 - 6

En La Habana, Cuba

     Bannzil Kreyòl Kiba es un grupo cultural dedicado al estudio, conservación y difusión de la lengua kreyòl en Cuba. Fundado en agosto de 1997, tiene una membresía de los cubanos, haitianos, descendientes de haitianos y estudiantes en Cuba de los países que hablan creole (tales como Martinica, Haití, Guadalupe, Santa Lucía, Guyana Francesa, las islas Seychelles, Reunión, Rodríguez, Mauricio, Cabo Verde).

     El principal objetivo del Festival es estimular el estudio y conservación de las lenguas criollas en Cuba y la región del Caribe, y fomentar un intercambio de experiencias entre todas aquellas personas interesadas en la lengua, la cultura y la identidad.

     Los eventos del festival incluyen conferencias, debates, teatro, danza, artes plásticas y música. La inscripción es sin costo alguno, los gastos de cada participante serán a cuenta propia. El comité organizador viabilizará y facilitará los desempeños funcionales. Organizadores: Grupo Bannzil Kreyól Kiba, Dirección Municipal de Cultura y la Casa de la Cultura Julián del Casal del municipio La Habana Vieja, La Comisión Cubana de la UNESCO, Casa del Alba Cultural y el Centro Juan Marinello.

El evento 2018 será dedicado a: Las nuevas generaciones

     165 Aniversario del natalicio de Nuestro Héroe Nacional José Martí”40 Aniversario del Sistema de Casas de Cultura

Presidente del comité organizador: - Lic. Hilario Batista 7-877-6533 (trabajo) o 7-647- 0199 (casa) email: batistahilario@yahoo.es: Casa de Cultura Julián del Casal teléfono: 7-863-4860


Yo ka palé dé lang a Kiba !

 

Lors de son déplacement à Cuba au mois d’août, Nouvelles-Etincelles a fait la rencontre du créolier Hilario Batista qui explique la lutte qu’il mène pour que le créole soit reconnu comme deuxième langue à Cuba.

 

Comment évolue le créole à Cuba ?

Hilario Batista :

Le créole est une réalité à Cuba parce que nous le c o n s i d é r o n s comme notre deuxième langue. Partout sur l’île, il y a des gens qui apprennent à parler le créole. La langue s’est actuellement renforcée grâce aux relations qui se développent avec la Caraïbe. Nous pensons qu’il y a plus de 400000 personnes qui parlent ou qui ont conservé la langue créole à Cuba. C’est une langue qui est ancrée dans la culture cubaine on la retrouve dans la musique, la danse, le théâtre, la cuisine… Plusieurs générations de descendants haïtiens ont conservé la langue de leurs ancêtres. Ils sont très rares ceux qui ne le parlent pas.

 

Si je comprends bien le créole est parlé sur tout le territoire cubain ?

Il faut reconnaître que le créole est présent depuis Guatanamo jusqu’à Sancti-Spiritus, (pratiquement la 2 moitié de l’île), parce que c’est où s’est développé la communauté haïtienne qui était venue travailler comme coupeur de canne. Même à Matanzas, troisième grande province de Cuba, le créole est présent y compris au nord de l’île à Pinard el Rio.

 

Quelles sont les activités que vous menez pour favoriser le développement du créole ?

Nous menons plusieurs activités. Au niveau national, il y a plusieurs Maisons de la Culture. C’est un  groupe de descendants d’Haïtiens qui a toujours conservé la culture depuis Guantanamo, Camagüey, Holguin et autres… Ils travaillent pour la préservation de la culture. A Cuba, nous avons radio Havane. Elle diffuse une émission quotidiennement en créole depuis 1962. Ce qui veut dire que le gouvernement cubain lui a toujours donné de l’importance. La révolution cubaine, a eu lieu en 1959 et radio Havane a été créée en 1962. Les premières émissions en créole remontent à cette date. Le créole fait partie de leur langue à travers duquel est transmise toutes les réalités de Cuba, des pays caribéens et des pays latino.

 

Le créole a-t-il fait son entrée dans le cursus scolaire de Cuba ?

Non, le créole n’est pas encore enseigné à l’école de Cuba, mais malgré tout, il y a quelques ateliers de la langue créole qui existent dans les différentes provinces. L’école où est enseigné le créole n’est pas privée, c’est-à-dire qu’elle est ouverte à tous. Ce sont les membres de la communauté haïtienne, les membres de Band-zil kreol qui assurent l’enseignement du créole dans les établissements scolaires de l’Etat. A noter que la plupart des gens qui parlent le créole sur l’île ne savent pas l’écrire.

 

Y’a-t-il de l’engouement pour apprendre le créole ?

Oui, il y a beaucoup de gens, surtout beaucoup d’enfants qui adhèrent à l’enseignement du créole. De jour en jour, nous assistons à une augmentation de la participation. Pour l’heure, nous avons besoin de cadres pour répondre à la demande en constante augmentation.

 

Quel plage horaire qui est la vôtre sur radio Havane ?

Nous avons un programme chaque jour de 14h30 à 15h. Nous sommes une équipe de trois animateurs, laquelle est composée d’un Haïtien né en Haïti, d’un Cubain d’origine haïtienne et moi-même Cubain d’origine haïtienne.

 

Quel message voulez-vous faire passer ?

Ce qui nous tient à cœur c’est d’ouvrir la voie pour que tous les peuples soient informés sur le fait que le créole est une réalité à Cuba. Cela veut dire que notre objectif est de mener une action conjointe autour du créole avec le concours de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et tous les autres îles de la Caraïbe pour travailler autour du créole, le conserver et échanger entre nous.

 

Menm si yo ka di kè chak péyi ni on kréyol diféran, men an jénéral nou ka komprann nou.

 

Yoandra, Jérémy, Hilario